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    Françoise DOLTO

     
    En relisant ces extraits, pour les mettre en forme, je m'aperçois  qu'il y a beaucoup, non pas à  dire, mais à digérer, dans le magnifique parcours de Françoise DOLTO.
    Je suis sûr que vous ne pourrez qu' aimer ce qui suit, ces subtils commentaires sur le désir et la connaissance de soi...On ne peut pas lire DOLTO sans s'arréter souvent pour savourer. Doucement, laissez vous imprégner de la portée de ses analyses, et  VIVEZ LES !....

     (en italique, mes commentaires...enthousiastes !!!!)

    La foi au risque de la psychanalyse ( Tome I)

    P 107 - Il n’est point de désir humain vrai s’il n’engage l’être tout entier.

    On peut donc dire: Quand on n’a plus de besoins, on peut authentiquement aimer. La formule “ ne plus avoir besoin de l’autre pour vivre ”, par exemple de mon mari ou de mon enfant peut apparaître choquante et pourtant elle est juste. Quand on dépasse le besoin d’avaler l’autre, de le consommer, de le voir, de le toucher, on accède alors davantage au désir et ainsi, à l’amour.

    Pour vivre à deux, il faut pouvoir vivre seul. J'ai repris cette idée plusieurs fois dans mes aphorismes, sous différentes formes, mais cela rejoint le discours de DOLTO . Voir dans le Bric à brac..par exemple cet aphorisme: "Etre amoureux, c'est être encombré, et  donc,  forcément,  encombrant...." Pardon de me citer...

    P 127 Pour grandir, nous avons toujours à quitter ou à remettre en question des images, des références et ainsi atteindre l’âge adulte. Mais nous découvrons alors que nous sommes encore ignorants, impuissants. C’est notre image alors qu’il nous faut quitter définitivement pour vivre dans l’être et non plus dans le paraître des émotions d’amour propre.

    P 159 Nous sommes des êtres qui découvrons au jour le jour de notre vie, notre impuissance. Cette impuissance est toujours une mort à notre désir qui se voulait tout puissant. C’est ce risque qui accompagne une vie de vivants, aimants, désirants, qui lui donne un sens.

    C’est du désir suscité mais interdit d’accomplissement par la loi que le coeur humain naît à l’amour. La loi qui interdit stimule en même temps. Du cannibalisme interdit entre la mère et l’enfant (l’enfant voudrait absorber sa mère et pas seulement le lait, la mère voudrait manger son enfant) surgit la tendresse, les paroles de tendresse... c’est donc bien du désir dans ce qu’il inter-dit que le langage a pu naître, porteur de sens, message d’amour.

    Paradoxal mais important. A l'origine de la transgession. Le désir ne supporte pas les barriéres. Il cherche sans cesse à s'en affranchir. Voir les écrits de Geoges BATAILLE. C'est de cette lutte permanente pour échapper à toutes les contrainte que nous évoluons vers la connaissance de ce que nous sommes. Des anges et des démons. Si nous nous regardons, la peur, souvent s'empare de nous, mais comme dit NIETZSCHE, ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts

    p 93 - Les pécheurs que le Christ aime à fréquenter et qu’il ne condamne jamais sont ceux qui font l’expérience de leurs limites, qui essaient d’aller jusqu’à l’extrême limite de leur recherche
    n’hésitant pas à prendre des risques se sachant pécheurs.

    Aucune loi n’est faite pour les morts. La loi est créée pour les vivants, les désirants. Jamais une loi ne peut viser à prohiber un désir, elle serait alors une loi pour les morts. Elle fortifie au contraire l’évolution des désirants vers l’humanisation de leurs désirs: la responsabilité des actes, des paroles et de leurs conséquences.

    Pour Jésus, les scribes et les pharisiens qui possèdent la loi et la suivent sont devenus des objets. Ils sont morts. Ils ont misé sur la non-vie, sur la conservation, leur désir est dévitalisé et ils ont peur de ceux qui sont plus vivants qu’eux.

    On ne peut remettre l’autre en cause que si soi même on se remet en cause. (faire de soi même son terrain d'expérience)

    P 82 Je le répète: Dans la mesure ou je me pose des questions sur moi, je permets à l’autre de faire le même chemin. Sinon je l’attaque et il se défend. Si l’autre résiste à une vérité c’est parce que moi même, je résiste à ma vérité. Les parents, les éducateurs le savent. S’ils essaient de découvrir leur vérité, ils “ débloquent ” l’enfant.... et croyez moi, ce n’est pas facile.

    Si jésus est un homme, il a des contradictions, sinon ils n’est pas incarné, charnel, humain.

    P 88 - et suivantes. La Loi sert à séparer, à différencier, à mettre chacun à sa place pour qu’il puisse vivre son désir sans étouffer le désir de l’autre. Si la loi n’a pas pour fonction de permettre aux hommes de se séparer, alors cette loi devient la loi du plus fort, les autres ne peuvent vivre différents, la loi c’est la loi du bon plaisir du plus fort. Il s’institue alors une société bloquée.

    Ce n’est pas le plaisir mais la souffrance qui nous façonne. Nous avons à mourir à quelque chose pour devenir désirants, désirant de vrai désir par delà le besoin avec comme seul guide l’amour.

    Pour revenir à la parabole de l’enfant prodigue, nous dirons aujourd’hui que le second fils a fait une véritable crise d’adolescence, avec ses risques, alors que l’aîné l’a édulcorée pour continuer à profiter des biens du père dans une dépendance commode et intéressée ou il refoulait, inconsciemment peut être, tout au moins au début, son désir d’autonomie. Putain que c'est bon ça...

    P 68 Ce qui fait la valeur d’un père, c’est d’être un exemple provisoire, c’est de conformer ses actes à la loi.

    P 71 Et, quand on se met à communiquer, à essayer de dire vrai, ça n’est jamais fini, on peut désirer sans fin...

    p 75 Il n’y a qu’une sorte de péché à mon sens, le péché contre son désir. (Ne pas confondre désir et caprice). Le désir c’est l’eau vive, la source qui est en nous et qui conduit notre vie. Ignorer cette source, l’obstruer par peur ou lâcheté, c’est là qu’est le péché. Le seul péché, pour moi, est de ne pas se risquer pour vivre son désir. Bisous Françoise...

    P 81 N’est ce pas aimer que de permettre à l’autre de vivre son désir? ....le laisser libre,  quoi, en quelque sorte

    P 174 Sur l’âme. Chacun veut sauver sa petite âme, son petit avoir alors que ce que nous avons, c’est l’autre. “ Qui veut sauver son âme la perdra a dit le christ et qui la perdra, la sauvera. ” Alors pourquoi parler d’âme à sauver? Cette manie de sauver son âme a correspondu à un moment de l’église... ou le philosophe disait; “ Je pense, donc je suis ” autre parole insensée et morte. Si je te sais m’entendre, je me sais parlant. Sans toi, je n’ai pas d’existence. Si nous avons été reconnu un jour, une heure, un instant comme être humain par un être humain, celui là, aimons le comme nous mêmes, il est notre âme.

    P 53 Les noces de Cana

    Evangile selon St Jean Cap 2 versets 1 à 11

    ...Le vin venant à manquer, la mère de Jésus lui dit: “ Ils n’ont plus de vin ”. jésus lui répondit: “ Femme, qu’y a t il entre toi et moi? Mon heure n’est pas encore venue ”.

    Sa mère dit aux serviteurs: “ Tout ce qu’il vous dira, faites le ”. (et Jésus changea l’eau en vin).

    Tout ce dialogue pourrait faire croire à un langage de sourds, comme dans les séances de psychanalyse. En fait, il se passe un accouchement. Marie dit à Jésus: “ Ils n’ont plus de vin ”. Jésus lui répond: “ Ce n’est pas mon heure ”. sur ce, Marie ne dit pas: “ Allons bon, ce n’est pas son heure ” mais au contraire, comme si elle n’avait pas entendu les mots de Jésus, elle dit aux serviteurs: “  Tout  ce qu’il vous dira, faites le ”.

    Elle a compris qu’en s’exprimant ainsi, Jésus résiste parce qu’il est angoissé à naître à sa vie publique. En effet, Jésus est un homme et l’homme connaît l’angoisse devant les actes importants de sa vie qui engagent son destin et sa responsabilité.

    Marie est moins angoissée que lui, c’est pourquoi elle pressent juste. Jésus va quitter une vie de silence, une vie cachée pour une vie publique. C’est angoissant ce changement de vie.

    Marie sait que c’est son heure tout à fait comme une femme sent quand elle va accoucher. Si Jésus n’avait pas “ entendu ” “ Ils n’ont plus de vin ”, il n’aurait rien répondu et Marie aurait compris que ce n’était pas le moment pour lui d’entendre quelque chose à ce sujet.

    Quand Jésus dit: “ Femme qu’y a t il entre toi et moi? ” j’avais toujours entendu gloser. “ Pourquoi, femme te mêles tu de mes affaires? ” mais cela veut dire à mon sens: “ Femme, qu’est ce qu’il y a tout à coup, en moi?

    Quelle est cette résonance extraordinaire à tes paroles? ” C’est une question. Le Christ pose une question à sa mère. Il y a certainement entre une mère et son fils cette connivence, quelque chose à ne pas manquer.

    C’est le moment ou tous deux sont accordés pour qu’une mutation advienne, pour que la naissance arrive.

    Ne trouvez vous pas cette analyse superbe ?

    P 55 Sur l’ivresse.

    Vécue en commun, elle est une possibilité de sortir en commun de la réalité et d’avoir de la joie ensemble. Et j’ajoute que l’inconscient, alors, se livre. In vino véritas! Celui qui boit seul, s’enferme. Il craint de sortir de la réalité tangible avec les autres.

    P 105 Savoir si l’on croit ou si l’on ne croit pas: Question absurde!

    Si je parle, c’est que je “ crois ” assez en moi pour pouvoir parler mais je n’y prête pas attention. On croit sans le savoir, comme M Jourdain, c’est la vie même. Tagada, tsoin tsoin....

    P 139 Plus il y a castration ou séparation et plus nous ressentons notre manque. Notre désir s’aiguise alors, obligé de tendre vers un but, non plus immédiat mais lointain. Le fruit du désir sera ainsi plus mûr, plus profond, plus essentiel. Nous refusons de toutes nos forces la séparation mais si nous allons au bout de notre désir, nous ne pouvons que rencontrer  la séparation, la castration ou la mort.

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    L’évangile au risque de la psychanalyse (Tome 2)

    p 32 le désir essentiel de l’homme est la communication Entiers, nous sommes des êtres de communication. Quand on guérit, on peut partager pleinement. Tout ce qui est vivant circule, tout ce qui stagne n’est plus vivant. Bien sûr, la peine, l’angoisse peuvent être communiquées. Mais la peine, l’angoisse, la peur qui sont partagées contaminent les autres et alors peut s’instaurer un désordre généralisé.

     

      ....Je pense aux mères, qui, par amour, vous couvent de leurs soins protecteurs.... Elles se sont “ sacrifiées ” pour vous, leur enfants, "la chair de leur chair", tenant, méticuleusement, dans leur tête inconsciente, les comptes de tous ces “ sacrifices ”, librement consentis...

    Les enfants n'échappent pas à ce genre de dettes et, comme ils les reprosuisent, la chaîne, familiale, toujours, s'allonge d'un maillon jusqu'à ce qu'un jour,  l'un deux se décide à la rompre...

    P 65 On pourrit quand on ne vit que pour ses besoins ou ses plaisirs. Le corps est avide de plaisirs, on s’y laisse piéger si le coeur n’y veille, si le sentiment de la dignité humaine n’aide à chercher sa voie propre. Cette force puisée dans le détachement de sa propre réputation qui est naturelle au bon samaritain est difficile à atteindre chez l’être humain.

    Il n’a jamais été dit dans la bible d’aimer ses parents Il y est dit de les honorer, de leur donner de quoi vivre dans le dénuement de leur vieillesse. On aime le prochain mais il y a des parents qui ne sont pas le prochain de leurs enfants. (voir plus haut)

    Le gratuit n’existe pas. Il y a toujours un échange. Il y a quelque chose qui est pris contre autre chose qui est échangé. C’est à soi même, narcissiquement projeté à qui l’on porte secours. Voilà ce qu’on appelle désintéressé. (idem)

    L’amour vrai ne crée aucune dépendance, aucune allégeance. C’est un commerce entre personnes physiques dans lequel il n’y a aucun bénéfice matériel. Cela semble être un don mais en fait, c’est un commerce. Je t’ai donné et tu ne m’as rien rendu. Mais toi, tu as eu le bénéfice de savoir que tu es aimé, que tu as été aimé et que tu aimes. Jaillit alors un lien nouveau, une “ alliance ” d’amour entre les êtres, sans bénéfice commercial.

    P 173 Sur le “ sacrifice ” des parents

    Leur attitude serait pervertie si, ayant accompli leur désir de parents, ils demandaient à leurs enfants de la reconnaissance. Les parents ont donné l’exemple, aux enfants, devenus parents, de faire de même à l’égard de leurs enfants.

    Rayonner sans être appauvri, c’est le don juste dont sont capables seulement les êtres qui ont le coeur libre et ouvert. (Vole pour t'enrichir et enrichis toi pour qu'on te vole)

    P 159 La parabole du bon samaritain

    Si celui qui a été charitable garde une exigence vis à vis de celui qu’il a un jour aidé, s’il en attend de la reconnaissance, il prouve qu’il cherchait à acheter quelqu’un et qu’il n’était donc pas un bon samaritain. Tous ceux qui, de façon désintéressée nous ont pris sous leur responsabilité jusqu’à réfection de nos forces puis nous ont laissé libres d’aller notre chemin ont été notre “ prochain ”...

    Mais comment pouvons nous nous aimer alors que si souvent nous nous détestons et que nous projetons ce que nous détestons dans les autres....(Mais enfin,  Françoise , tu me copies..., bisous)

    Quand tu n’es pas occupé à autre chose et que tu as un surplus de vitalité, donne à celui qui, sur ton chemin est dans le besoin, si tu le peux.

    Mais n’en fais pas davantage. Ne te détourne pas de ton travail (pour cela) ne te détourne pas de ton chemin. Il faut savoir s’éprouver. Si nous sommes incapables de rendre service, soyons assez réalistes pour ne pas le faire, nous le ferions mal.

     Si nous devenons assez libres et assez forts, alors nous pourrons aider, sans nous détourner de notre chemin propre.

    L’important, ici, est que le samaritain, après son acte est parti, en rien diminué, en rien augmenté. Le christ a choisi de citer le Samaritain parce que c’était un homme sans titre, un étranger qui n’est pas empêtré de principes ni de suffisance, ne pense pas plus loin que le bout de son nez, qui fait cela naturellement.

    C'est pour cette raison que, neuf fois sur  dix, le silence est préférable

    A propos de la résurrection de Lazare p 130

    Il y a échec possible de la mission de Jésus si on l’aime, lui, au lieu de croire en lui, en ses paroles, en sa mission. La parole de Jésus, lui absent, doit demeurer présente, aussi vivace au coeur de ceux qui l’ont reçue que s’il était avec eux, partageant leur vie quotidienne.

    Marthe dit à Jésus: “ Si tu avais été là, mon frère ne serait pas mort. ” ce qui veut bien dire que l’amour de Lazare pour Jésus est un amour de dépendance charnelle.

    A mon avis, Lazare est mort de manque, d’une frustration du désir qu’il avait pour Jésus, d’un manque de nourriture psychologique et spirituelle.

    Lazare tombe malade parce que, le christ absent, il ne peut plus pomper sa vie dans Jésus comme un foetus qui n’est plus alimenté par le cordon ombilical d’un placenta vivant. Il meurt pourrait on dire d’une névrose mélancolique aiguë.

    Quand Jésus les connaît et devient leur ami, Lazare est encore lié à ses deux soeurs. Tous trois restent comme des enfants inséparables, non sevrés, dans la maison de leurs parents, pas encore nés à la vie sociale, aucun ne s’assume, indépendamment des autres par sa libido propre. C’était un trio névrotique.

    Et Jésus, comment aimait il Lazare?

    Le destin de Jésus est lourd à vivre. Il est tenté à certains moments d’être un homme comme les autres, d’être chef politique, riche, puissant. (Mathieu IV 1 à 11 - Luc IV, 1 à 13)...et pourquoi pas aussi d’être aimé pour lui même.

    Parce qu’il y a d’humain en lui, Jésus est soumis comme nous tous à ces modes d’amour en miroir auxquels, depuis l’enfance, nous sommes conditionnés.

    Jésus a perçu avec Lazare de façon exemplaire le risque à manquer sa mission si, à l’aimer sans garder et agir ses paroles, on s’arrêtait. Il s’expose à manquer sa mission par un dernier reste de narcissisme: sa présence charnelle est émouvante, elle a éveillé Lazare.

    Ce peut être flatteur pour Jésus mais le Christ ne peut rester fixé à cette complaisance, leurre du narcissisme humain présent en chacun de nous.

    Remarquez bien que dans la résurrection de Lazare, le Christ se castre aussi lui même. Il se sépare de ce qu’il reste de charnel dans l’amour qu’il éprouve pour cet homme et ses deux soeurs qui l’adorent et dont la maison est pour lui un foyer chaleureux.

    Devant la mort de Lazare, le Christ frémit, pleure, il est ému, troublé. Il faut qu’il souffre ce que Lazare a souffert pour comprendre ce qu’il y a encore de narcissique en lui, qui le lie à ses amis dans la vie de chaque jour.

    Il découvre combien il avait encore besoin de ses amis et, dans un rugissement d’amour, il s’en sépare. Le Christ se détache de ce qu’il reste en lui d’amour passionnel en tant que frère humain des hommes.

    Il renonce à lui même en se détachant de Lazare, autre lui même. Il le ressuscite, il l’éveille, il le fait exister. A ce moment, Jésus, fils de l’homme, se détache de la confusion que nous faisons tous entre notre désir du spirituel et notre instinct de conservation.

    La façon dont le Christ accomplit cette séparation préfigure le détachement suprême de la Passion. Lazare sort du tombeau. L’évangile ne mentionne aucun regard, aucun merci de Lazare ni de ses soeurs à Jésus. Alors Jésus, l’homme, est bon pour la mort.

    Page 146 Mais pourquoi veut on tuer Jésus, justement, après cette résurrection?

    Après la résurrection de Lazare, Jésus est définitivement objet de scandale pour les Juifs. Il n’est plus un humain comme les autres. C’est un marginal inquiétant.

    Quand quelqu’un magnifie à ce point le désir, il n’y a plus de place pour un sentiment de culpabilité. C’est la totale liberté.

    Comment alors maintenir unie une société de gens qui seraient totalement libres, qui n’obéiraient plus aux grands prêtres? Ils cherchent désormais comment et quand le faire mourir.

    La difficulté de vivre

    Tous ceux qui m’écrivent savent ce qu’ils ont à faire avec leurs enfants mais ils ne le savent que parce qu’ils m’écrivent longuement. En faisant ceci ils s’éclairent eux mêmes, ils invitent si l’on veut, par une relation transférentielle leur propre lucidité à leur venir en aide.

    Les athées

    Ils disent qu’ils ne croient pas en Dieu parce qu’ils ont, chevillés au corps, foi, espérance, amour, idées, sentiments, qu’ils ne peuvent couler dans le mot qui les réunit, le mot Dieu.

    Mais je trouve qu’ils ont une foi formidable. Ils ont foi en leur athéisme, en leur raison logique. Mais l’incroyant comme on dit n’est jamais à l’abri de la tentation de croire.

    Devant l’ignorance, l’incertitude ou le doute, l’incroyant ne veut aucune consolation, par courage, par éthique. A ses yeux, l’homme faible, mortel, ne sachant pas le sens fondamental de sa vie, doit stoïquement accepter l’existence et ne pas chercher consolation. Pourquoi pas? Je les admire.

    Quant à moi, je ne peux pas faire autrement que de croire en Dieu. Mais je vous l’accorde, je ne sais pas ce que je dis. Je ne dirai jamais que ceux qui n’y croient pas ont tort, parce que je ne sais plus ce qu’est ne pas croire en Dieu.

    Les religions, à mon sens, pervertissent le désir profond de l’être humain en codifiant une morale qui n’a rien à voir avec l’évangile. L’être humain est un être religieux par nature. Il n’a donc pas besoin de s’inféoder à une institution religieuse.

    En lisant Dolto, le mystère de la vie du Christ reste entier mais Jésus nous devient plus proche par son humanité et sa souffrance. Il n’en demeure pas moins que, face à un mystère qui le dépasse, l’homme se croit toujours obligé de créer une structure de récupération. (les religions et les églises). Cela n’a sans doute rien à voir mais je pense, dans le même ordre d’idée, à l’histoire racontée par Devos, l’histoire du bâton coupé en deux, qui conserve toujours ses deux bouts. En face de ces deux bouts têtus et moqueurs, l’homme inventa le système métrique en constatant, tout de même, que les deux bouts tranchés étaient moins longs que les deux bouts précédents. Ainsi, peut être, naquit la science, à; partir d’un mystère récupéré et, par contre coup, masqué.Sans doute faut il être vigilant...et modeste. Toutes les réalisations de l’homme ne sont, peut être, que des contrefaçons.

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    Simone (1ère partie)

     

     

     

    Travestir.

     

     

    «Mon prénom ?... Ils se sont trompés : c'était Alain.» Si­mone a 44 ans, une bonne tête, la voix dure seulement lorsqu'elle parle d'elle-même. Son sexe d'homme est pour elle «un détail qui n'a jamais servi». C'est un travesti (elle préfère dire «transsexuel», même si elle n'est pas opérée «travesti» est trop proche de «déguisé») depuis l'âge de 15 ans. Et prostituée... parce qu'il n'y a pas eu d'autre choix. «La société n'a rien pré­paré pour nous ; nous sommes moins considérés que des chiens», dit Simone lucide­ment. On l'écoute en retenant son souffle, et l'on plonge avec elle dans l'abîme sans fond de sa tristesse. Il y a des silences, des images qui parlent, les im­passes du dégoût de soi ;

     

    Mireille Dumas, doucement, tire les fils de la vie. Elle filme les visages avec autant de bonté que ses questions sont précises. La bonté, ici, n'est pas de gommer le misé­rable. La réalité de Simone c'est aussi cette allée du bois de Boulogne.

     

    La réalisatrice n'élude aucune question. Sans fausse pudeur, elle sait faire parler ses inter­locutrices de ces corps qui les encombrent tant. On pourrait sans relâche disserter sur ce film, analyser pourquoi il est si juste, pourquoi il filme la réalité sans céder une seconde au voyeurisme, com­ment il respecte, comment il redonne des dignités que l'on croyait perdues.

     

    Mesurons plu­tôt ses effets : rarement té­moignage aura mieux décrit la solitude ; rarement il aura au­tant forcé le regard à changer.

    Catherine Portevin

     

     

     

    Simone ou la différance…

     

     

    Remplacer le « e » par un « a » afin d’évoquer la bouche ouverte d’un poisson qui, dans l’eau polluée de son aquarium, éprouve de plus en plus de difficulté à respirer…

     

    La tolérance est difficile. Le regard des autres est terrible. Chacun fait ce qu’il peut.

     

    Mais le doigt pointé et pointu de notre société ouvre une plaie à vif qui n’en finit pas de suppurer et qui, comme le dit Simone, ne cicatrise jamais…

     

    Cette vidéo de Mireille Dumas date de Novembre 1992

     

    J'en ai extrait les passages les plus émouvants

     

    Julien

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    La suite dans Simone (2) --> 4 videos 

     

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